"The World Ahead 2026" : un cocktail explosif… point de bascule de l’équilibre mondial ?

The Economist publie son 40^e numéro spécial annuel " The World Ahead ", qui se penche sur les grandes tendances et événements qui marqueront l’année à venir.

Au-delà de sa « UNE » toujours « prophétique », qui laisse place à l’interprétation et l’imagination… ACT-ON GROUP vous propose un court "reader digest" prospectif en cette fin d’année 2025, quant aux 10 grands thèmes clés qui marqueront à coup sûr l’année 2026 : une scène mondiale en tension, où les erreurs d’hier et les incertitudes d’aujourd’hui pourraient se payer au prix fort !

1 - AMERICA’S 250ᵉ : UN ANNIVERSAIRE SOUS HAUTE TENSION !

2026 marquera les 250 ans de la fondation des États-Unis. Un anniversaire moins festif que symptomatique. Une célébration qui devrait être l’occasion de mises en scène concurrentes entre Républicains et Démocrates. D’un côté, ceux qui célèbrent l’héritage démocratique et libéral ; de l’autre, ceux qui insisteront sur les fractures internes, les inégalités et les tensions sociales. Dans un contexte de polarisation profonde, l’événement risque de raviver les débats sur l'identité nationale, la mémoire collective et l’avenir politique du pays. Les électeurs rendront leur verdict lors des élections de mi-mandat en novembre. Mais même si les Démocrates remportent la Chambre des représentants, le règne de Donald Trump se poursuivra.

2 - DÉRIVE GÉOPOLITIQUE : LE JEU INSTABLE DES ALLIANCES

Le monde est en recomposition permanente. L’ancien ordre mondial fondé sur l’opposition traditionnelle entre blocs - dirigés par les États-Unis et la Chine - pourrait se muer en un morcellement des zones d’influence, avec des sphères régionales mouvantes. Ni bipolaire, ni multipolaire classique : plutôt un enchevêtrement de zones de gravité fluctuantes entre les États-Unis, la Chine et la Russie.  L’approche « transactionnelle » de Donald Trump pourrait accentuer cette « dérive géopolitique » et rendre les alliances volatiles. Quelques pays pourraient être forcés de naviguer entre pressions contradictoires - un pari risqué. Mais des « coalitions de volontaires » pourraient aussi conclure de nouveaux accords dans des domaines tels que la défense, le commerce et le climat.

3 - GUERRE OU PAIX ? LES CONFLITS S’ENLISENT, LA PAIX CHANCELLE…

La ligne entre guerre et paix deviendra floue en 2026. Aux conflits ouverts - comme en Ukraine, au Soudan ou Myanmar - s’ajouteront ce que l’on nomme les « provocations en zone grise » : cyberattaques, pressions en mer, escalades diplomatiques, actions concertées sous le seuil de l’affrontement direct. La Russie et la Chine ne manqueront pas de mettre à l’épreuve l'engagement des États-Unis envers leurs alliés… La relative accalmie à Gaza et au Proche-Orient pourrait tenir, mais la multiplication des foyers de tension (Europe de l’Est, mer de Chine méridionale, zone arctique, orbite, fonds des océans, cyberespace) crée une instabilité permanente.

4 - L’EUROPE… EN PERTE D’INFLUENCE, DE CROISSANCE & DE COHÉSION 

Pour l’Union Européenne, 2026 sera un test d’équilibre difficile : renforcer sa défense, rester alignée avec les États-Unis, soutenir la croissance, assumer des dépenses publiques conséquentes… tout en évitant de raviver le mécontentement populaire autour de l’austérité. L’Europe ne peut pas à la fois moderniser ses ambitions stratégiques, garantir des transitions vertes et sociales, sans fragiliser la cohésion interne. Le risque : voir l’euroscepticisme et les partis radicaux se renforcer.

5 - LE TEMPS DE LA CHINE ? ENTRE FRAGILITÉ INTERNE & AMBITIONS EXTERNES

Même confrontée à des problèmes internes - déflation, surcapacité industrielle, croissance au ralenti - la Chine pourrait tirer parti de l’attitude « America First » des États-Unis pour gagner du terrain. Pékin cherchera à consolider son rôle dans le Sud global (et les BRICS), en proposant des partenariats commerciaux et industriels plus stables que les États-Unis. Résultat possible : un renforcement de l’influence chinoise dans des zones clés, quitte à cultiver des relations transactionnelles avec les États-Unis, loin de la confrontation frontale.

6 - PRÉOCCUPATIONS ÉCONOMIQUES : LES ÉTATS RICHES SOUS SURVEILLANCE…

Les économies développées vivent depuis trop longtemps au-dessus de leurs moyens - dépenses publiques élevées, dettes accumulées, déficits persistants. À l’horizon 2026 plane la menace d’une crise des marchés obligataires, capable de déclencher un effet domino global. L’incertitude entourant le remplacement de Jérôme Powell à la tête de la Federal Reserve (Fed) en mai sera un moment décisif : une mauvaise manœuvre politique pourrait précipiter la crise.

7 - L’IA : UN AVENIR À DOUBLE TRANCHANT

L’essor de l’intelligence artificielle continue d’attirer des investissements massifs aux États-Unis et ailleurs. Mais ce mouvement frénétique pourrait masquer des fragilités économiques sous-jacentes. Sommes-nous face à une bulle technologique et financière, comparable à celles de l’électricité, du chemin de fer ou du Dotcom ? Si l’engouement retombe, le choc pourrait être violent - avec des conséquences lourdes sur l’emploi des diplômés, et plus largement l’économie mondiale.

8 - LA QUESTION CLIMATIQUE : AVANCÉES TIMIDES & DYNAMIQUES CONTRASTÉES

2026 est sans illusion : l’objectif de contenir le réchauffement à 1,5 °C semble hors de portée. L’opposition de certaines puissances à la transition énergétique - parfois pour des raisons politiques - complique la tâche. Pourtant, quelques signaux donnent à voir un basculement : dans le Sud global, les technologies propres sont en plein essor. De plus, des secteurs comme la géothermie attirent l’attention, laissant entrevoir des alternatives encore peu explorées. L’équation : progrès technologique + pragmatisme politique = espoir - mais sans garantie !

9 - LE SPORT & SES VALEURS : MIROIR DES TENSIONS DU MONDE

En 2026, le sport pourrait ne plus offrir l’illusion d’une parenthèse de paix. La prochaine FIFA World Cup, coorganisée par les États-Unis, le Canada et le Mexique - trois nations marquées par des tensions commerciales ou migratoires - pourrait souffrir d’indifférence ou de boycotts. Parallèlement, l’émergence d’événements controversés comme les « Enhanced Games » - où les athlètes pourraient recourir à des produits dopants - interroge les valeurs sportives et éthiques. En creux : le sport pourrait devenir le reflet des fractures idéologiques et sociales du monde.

10 - SANTÉ & BIEN-ÊTRE : NOUVELLES INJONCTIONS SOCIALES ?

La santé - et plus particulièrement le marché des traitements contre l’obésité - pourrait connaître un tournant en 2026. De nouvelles pilules GLP-1, moins coûteuses et plus accessibles que les traitements actuels, pourraient se démocratiser. Le débat autour de ces médications pose question : simple soin ou moyen de jouer sur les corps pour répondre à des injonctions sociales de performance ? Une perspective qui mêle économie, bien-être et jugement moral.

En conclusion, « The World Ahead 2026 » brosse un portrait sans concession d’une scène internationale à la fois fragile et en recomposition. Un "nouveau" monde en tension, où les puissances riches flirtent ouvertement avec l’insoutenabilité de leurs finances, tandis que rivalités stratégiques, crises économiques, innovations et fractures planétaires redessinent l’avenir immédiat.

Dettes excessives, tensions géopolitiques, risques climatiques et technologiques : le cocktail est explosif. Mais il contient aussi des opportunités - pour ceux capables d’anticiper, de s’adapter ou de repenser les règles. 2026 pourrait bien marquer le moment où l’équilibre global bascule - en bien comme en mal.

Le pari est posé.

---

Dans le numéro spécial " The World Ahead 2026 ", les journalistes de " The Economist " sont rejoints par des figures de premier plan dans tous les domaines : politique, économique, scientifique…

Parmi ces contributeurs figurent Kaja Kallas, responsable des affaires étrangères et de la sécurité, Commission européenne ; Mark Carney, Premier ministre du Canada ; Nandan Nilekani, cofondateur et président d'Infosys ; Jack Goldsmith et Robert Bauer, anciens avocats du gouvernement américain ; Richard White, professeur émérite d'histoire américaine à l'université de Stanford ; Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI ; et Heidi Larson, anthropologue spécialiste des vaccins à la London School of Hygiene & Tropical Medicine.

Ces derniers partagent leurs réflexions et prévisions pour l'année à venir.

À retrouver intégralement dans :
The Economist - The World Ahead 2026

Besoin d’un audit, un benchmark, une analyse prospective… Contactez-nous !